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Santé inc. : Mythes et faillites du privé par Anne Plourde

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On le dit plus efficace, moins cher, nouveau, utile et de qualité, mais est-ce que ça fonctionne vraiment, le privé en santé ? Pas du tout, avertit la chercheuse Anne Plourde dans un livre coup de poing  Santé inc. : Mythes et faillites du privé. La solution ? Déprivatiser le système de santé.

Notre système de santé est en état de crise permanent. Depuis des décennies, nos gouvernements présentent le privé comme une solution. La réforme Dubé va aussi dans ce sens. Au-delà des considérations idéologiques, est-ce que ça fonctionne, le privé en santé ?

Se basant sur une abondance de données provenant du Québec et d’ailleurs, la chercheuse Anne Plourde a sou­mis à l’épreuve des faits cinq soi-disant vertus du privé en santé. Son constat : non, ça ne fonctionne pas. Pas du tout. Confrontées à la réalité, ces vertus se révèlent être des mythes :

1. Le système de santé est essentiellement public, le privé est nouveau. Faux : le privé représentait en 2022 plus du quart des dépenses de santé au Québec et l’avènement du système public en 1970 est une réponse à l’échec historique du privé.

2. Le privé coûte moins cher. Faux : le privé échoue à réduire les coûts, notamment à cause de sa lourde bureaucratie et de sa quête perpétuelle de profits. Pour preuve, le système de santé états-unien est celui qui coûte le plus cher au monde.

3. Le privé en santé est plus efficace. Faux : que ce soit l’incapacité des GMF à désengorger les urgences ou encore le taux d’échec de 82% des super-cliniques, le privé en santé est inefficace.

4. Le privé aide à réduire l’attente au public. Faux : le déve­loppement d’une offre privée n’ajoute pas de nouveaux services. Elle vampirise les ressources du public et compétitionne avec lui pour recruter du personnel dans un bassin commun et limité.

5. Le privé améliore la qualité des soins sans nuire à l’équité dans l’accès aux services.  Faux : les objectifs de rentabi­lité guidant les entreprises à but lucratif détériorent l’accès aux soins et leur qualité. La télémédecine est un exemple parlant.

Bref, le privé en santé fait moins avec plus, ce qui est l’exact contraire de l’effet recherché. Mais ce n’est pas une fatalité. À rebours des discours officiels, la chercheuse propose une solution pragmatique aux problèmes constatés : choisir l’efficacité et le meilleur rapport qualité-prix en déprivati­sant complètement notre système de santé.

ANNE PLOURDE

Docteure en science politique de l’Université du Québec à Montréal, Anne Plourde a réalisé un postdoctorat à l’Université York sur la privatisation des services de santé et est chercheuse à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS). Chez Écosociété, elle est l’autrice de Le capitalisme, c’est mauvais pour la santé (2021).

Éditeur : Écosociété

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