À partir d’immenses projections réalisées par le Collectif Sémaphore sur deux façades d’un hôpital public de Montréal, la Coalition Riposte au Plan santé souligne l’urgence de riposter avant la destruction du réseau de santé et de services sociaux.
À partir d’aujourd’hui, et jusqu’à la fin novembre, la population est invitée à participer à la campagne de sensibilisation menée par la Coalition sur les réseaux sociaux de ses organisations membres, en visionnant et partageant largement la série de photos et en visitant les sites Internet des organisations participantes pour s’informer davantage des reculs présents et à venir liés à la mise en œuvre du Plan santé.
Le Plan santé, annoncé en mars 2022, est implanté rapidement et sans consultation démocratique. Le projet de loi 15, gargantuesque pièce du casse-tête de la réforme, a été adopté sous bâillon il y a moins d’un an malgré une forte opposition populaire, de nombreux amendements apportés lors de l’étude parlementaire et des organisations qui n’ont jamais été entendues alors qu’elles souhaitaient s’exprimer lors des consultations.
Le message lancé cet automne est clair : la riposte au Plan santé est non seulement encore possible, mais elle est nécessaire ! Il importe plus que jamais de se mobiliser pour la consolidation d’un réseau public de santé et de services sociaux fort de processus démocratiques et respectueux tant du secteur communautaire que du personnel soignant.
« Non seulement le Plan santé se déploie à une vitesse folle dans un déficit démocratique effarant, mais il ne permet pas d’améliorer le respect du droit à la santé. La population est en droit d’être consultée et de participer aux décisions en matière de santé et de services sociaux, plutôt que de se voir imposer des bouleversements majeurs qui ébranlent le régime public », souligne Laurence Guénette, porte-parole de la Ligue des droits et libertés.
« En tant que médecin ayant travaillé dans le secteur public (CLSC) pendant les 45 dernières années, j’ai vécu et je vis encore la destruction du secteur public et c’est ce que le Plan santé perpétuera. Cela n’améliorera pas les soins aux patients. Les résultats du Plan santé sont prévisibles : les intérêts économiques de quelques-uns seront priorisés au détriment des besoins en soins de santé et en services sociaux de la majorité. Une forme démocratique, décentralisée et plus inclusive de soins de santé est possible », ajoute Arnold Aberman, médecin membre du collectif Soignons la justice sociale et porte-parole de la Coalition Riposte au Plan santé
« Le Plan santé va à l’encontre des principes de base de notre système de santé public, en ouvrant grand la porte au privé et en centralisant outre mesure avec Santé Québec. Cette nouvelle structure opaque, composée de gens des milieux d’affaires, donne le ton pour un système de santé morcelé par le privé », déclare de son côté Sophie Verdon, coordonnatrice et porte-parole de la Coalition solidarité santé
Quant à Mercédez Roberge, coordonnatrice de la Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles : « Le Plan santé met en péril l’autonomie et les pratiques des organismes communautaires autonomes en santé et services sociaux (OCASSS), notamment en introduisant une nouvelle condition à remplir pour obtenir du financement. Alors qu’ils revendiquent que l’État favorise leur mission de transformation sociale, bien sûr en augmentant les subventions, mais aussi en respectant leur mode de fonctionnement, le Plan santé va dans le sens inverse. Il compromet l’exercice du droit d’association et la spécificité de la contribution des groupes communautaires au respect du droit à la santé. » – .
Enfin, selon Émilie Charbonneau, vice-présidente de l’APTS : « Avec son Plan santé, le ministre Dubé – sous couvert d’un langage plus acceptable socialement – poursuit sur la lancée de ses prédécesseurs et consacre l’idéologie néolibérale qui a tant mis à mal le réseau dans les dernières décennies. Hypercentralisation, déficit démocratique, acoquinement au privé… Pour nous, le Plan santé est tout sauf santé, sans compter qu’il évacue complètement nos services sociaux! »
Source : Ligue des droits et libertés (LDL)
Photo : Collectif Sémaphore